Les Peintures, chronologie

City Life & Body Language (2003— )
Je considère mes peintures comme des meta-images (des images sur des images). Ce sont des réfections sur l’influence des images. Je crée la réalité physique (la peau) de la peinture en donnant à 'la peinture'  une dimension indépendante. Je me sens peintre et créateur d’images. Les peintures présentées sont une visualisation de deux concepts: la vie urbaine et le langage du corps. Ces œuvres témoignent d’une vision transformative, questionnant les statuts de la perception, du souvenir et de l’image. Elles montrent la liaison ambiguë entre l’image peinte et la réalité —la réalité est un objectif mobile. Les peintures sont des manières de voir, des formes de penser visuellement. Elles réalisent l’espace virtuel et l’espace mental de l’image. La force de la peinture (elle est plus qu'un médium) est basée sur le fait que c’est une forme d’art non-verbale, manuelle, directe, silencieuse et statique.

'Les peintures de Dr. Hugo Heyrman peuvent nous toucher profondément parce-qui'ils disent des choses specifiques de notre cadre de vie'. Tel un pionnier, Dr. Hugo Heyrman a, depuis les années soixantes, développé une œuvre impressionante: peinture, dessin, net art, films digitale et projets Online. Ses outils? les idées, l'approche expérimentale de la toile blanche, sa surface, sa texture et couleur, transforment la matière en imagination; la dimension de l'image liquide qui interpelle tous nos sens. Une peinture est vivante lorsque s'installe un dialoque visuel, à ce moment précis elle devient cinématique et reveille nos 'films' intérieurs.

Museums of the Mind (2000—2003)
Les peintures sont une visualisation de ce que j’appelle; l’espace de l'image liquide, ce que je rends visible est la connection entre la substance de l’image et la structure de l’attention dans le champ visuel. Cela donne aux peintures un intense pouvoir interactif; l’observateur revit la création de l’oeuvre. Vers les bords, l’image semble se dissoudre sous nos yeux, l’atmosphère du tableau voyage entre rêve et réalité, s’approche du réel mais s’en libère au delà et devient pure poésie.

The Fuzzy Logic of Icons (99—00)
Les peintures se basent sur l’expérience synesthésique —l’interaction des sens. J’aime beaucoup travailler les dimensions synesthésiques, trouver de nouvelles configurations à ce que je vois, entend, touche, goûte, sent. Nous sommes tous synesthésiques à un certain degré. Je conçoi la 'Logique Floue' comme une expérience du laboratoire de l’esprit, par exemple dans la peinture '
Ivory Tower' (1999), je rapproche la perception du concept dans l’intention de créer de nouvelles icônes et métaphores synesthésiques et donner une nouvelle substance au mot réalité, l’exprimer en termes de puissance poétique, à la source de sa signification, près des émotions qu’il suscite.

Fuzzy Dreamz (96—98)
Dans ce cycle, je transpose de nouvelles expériences numériques dans la peinture et vice-versa. Dans les rêves, nous traversons sans cesse les frontières du temps et de l’espace.
Dans cette aventure poétique mon champ de vision est très large, il part des thèmes principaux de la perception, du temps et de la mémoire, jusqu’à l’immense diversité du spectre des expériences humaines. Je communique avec la (in)conscience de la peur, du désir, de la tragédie, de la tristesse, de la joie, de l’humour et de la surprise. Les peintures se présentent en séquences: un montage de moments, une syntaxe de temps étalé et condensé, une juxtaposition de six toiles (diptyques et doubles triptyques). Dans Fuzzy Dreamz nous sommes très proches de 'qui sommes nous' et 'que voulons nous'.

Interactive Dreams (94—96)
Une recherche visuelle des aspect fondamentaux de la perception. Plus spécifiquement une interaction entre trois concepts: la forme statique,la constance de la couleur et l’image digitale. Le pixel et le grid en sont les éléments, les images sont crées pixel après pixel. Le pixel peint est employé dans son élément ultime. Un mimétisme maximum pour un minimum de pixels. En schématisant les pixels, je crée un paradoxe visuel abstrait.

Models of Reality (88—94)
La peinture-pixel et les modèles en 3D. J’analyse les structures visuelles de la forme et de la signification. Nous y voyons: simplicité, carrés de pixels peints et construction schématiques de couleurs claires.
Je peins la révélation de l’image, comment elle prend forme. Cette approche se base sur ma thèse de doctorat: Art et Informatique: une investigation exploratrice dans la transformation digitale de l’art. Les peintures exposent une forme de cubisme mental, un morphing personnel du contenu. Dans cette vision, 'voir' est la découverte intuitive d’une unité inconnue. La légèreté de l’imagination dans 'Models of Reality' nous révèle l’image proportionellement au déclin de sa forme à l’état ‘nature’. L’illusion devient transparente, non- existente.

A Vision Is Finer than a View (85—88)
Je peins les facettes et les fragments de la mer infinie, nous voyons l’énergie continue des vagues, une métamorphose en boucle de l’élément ‘primal’ eau. J’exprime le concept du
moment , une vision microscopique du Ici-Maintenant. Ces peintures à la fois image et imagination, sont également signes et signification. Leur vérité se rapproche plus de l’expérience que de la présentation, il y a fusion entre la vision intérieure et extérieure, une vision est en effet plus intense qu’une vue.

The Nature of Reality (83—85)
Cette série de toiles forme une synthèse entre mes expériences précoces et le cycle de l’eau, du temps et de la lumière. Il s’agit d’une psycho géographie du paysage Irlandais en trente et une grandes peintures, du paysage à l’architecture de l’esprit.
Un paysage n’est jamais statique, le présent et le futur s’approprient l’instant. Je suis sensible à la beauté terrible du monde naturel, l’énigmatique, le mystérieux, les métaphores, le romantique et l’imprévisible prennent part à mon geste de peintre. Le canevas lumineux suspend le temps, le cristallise et l’emplifie, il capture un éclair de forme existentielle. Au touché, la surface peinte nous rappelle la peau transparente, comme si nous avions un accès privilégié à l’intérieur de la réalité.

Cycle of Time (81—83)
Le temps comme milieu de vie. Dans mes oeuvres nous voyons une articulation picturale des rythmes d’hiver, d’été, de la nuit et du jour. Le temps se cristallise. Ces phénomènes se reflètent dans mes titres 'Singing Summer' (1982), 'Coming Storm' (1982), 'Breaking the Silence', (1982) Le spectateur est transporté dans un monde silencieux, quelque part à l’horizon. En langage synesthésique,nous pourrions nommer cette phase, l’écoute du silence de la gestation du temps même.

Cycle of Light (80—81)
J’explore la nature de la lumière dans quinze grandes toiles, j’observe les nuances et les contrastes entre les lumières du matin, du jour, du soir et de la nuit.
J’étudie les couleurs, la température de la lumière, les schémas récurrents du temps, par exemple: la peinture 'Snow' (1981), nous emmène au delà de notre savoir superficiel et paradoxallement nous y retient. Les toiles démontrent la signifiance de la lumière dans sa relation à l’obscurité: comment elle crée les ombres, la profondeur, la distance et la perspective. Il n’existe de lumière sans ombre, de chaleur sans froid, etc. . .

Cycle of Water (77—80)
L’eau est un élément mythique. Ces vingt sept grandes toiles du cycle tracent les analogies picturales, les parallèles métaphoriques, ressemblances familiales de cet élément. Les peintures démontrent la relation existantielle entre:

1. L’acte de peinture comme processus entre: sec et mouillé, sensuel et serain, opacité et transparence —j’utilise les techniques de peinture active expérimentale (action painting) et superpose les couches translucides à base d’eau.
2. Une correspondence dans le monde des opposés: dur et mou, solide et liquide, pierre et eau.
3. La réalité externe: un contexte de conditions liées à l’eau: le temps, les changements climatiques, la réflection, la brume, la vapeur, la boue, la pluie, la neige et la glace.

Street Life Cycle (74–77)
Motto: "Pour percevoir la perception, le souvenir est l’isolation d’un fragment visuel". D’une façon cinématique, je peins une intersection de rues animées, dans une succession de vingt six différentes conditions climatiques. Ce travail est fondé sur une observation personelle, des dessins, photographies, arrêts sur image vidéo et Super 8. Une tranche de vie, un microcosme, un espace temps continu, une métaphore de la vie dans son ensemble, deviennent un challenge pictural. Durant quatre années j’ai peint cette vue d’une fenêtre de mon atelier de la Belgiëlei, chaussée de Malines à Anvers. C’est une ode aux petites choses de la vie, à la poésie des saison qui se succèdent, au rythme des feux de signalisation, scènes du quotidien. Nous y voyons: des voitures qui passent, des rails de tram, des taxis, des bicyclettes et une foule de gens divers. Par exemple: dans la toile 'Figure in the Snow' (1975), la solitude de la silhouette est accentuée par la neige et l’atmosphère frigide. Cette figure énigmatique sous un parapluie transparent, est vue de loin, je mets une distance physique entre elle et moi. Fondamentalement c’est une sobre confrontation conceptuelle entre la vision, l’image et la réalité. Comme témoin de mon temps, je suis étonné du fait extraordinaire que le monde existe.

The First Mind Expansion in Colour! (65—66)
Dix peintures de séductrices et de stars féminines du cinéma. De concert avec Panamarenko, je crée deux figures: poupées de styropore couvertes de feutre, 'Feltra' (1966) et 'Molly Peters' (1966).

— Texte original du catalogue Dr. Hugo Heyrman 'Museums of the Mind'
— Traduit de l’Anglais par Mika Joniaux.


|| Museums of the Mind
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